Votre engagement militaire prend fin aujourd'hui par la reddition du matériel qui vous fut remis lors de votre école de recrues. La mise en oeuvre d' Armée 95 a pour conséquences la réduction des effectifs et celle de la fin de l'obligation générale de servir à 42 ans. Les Autorités prennent donc congé, cette année, des militaires des classes 1943 et 1951. Et c'est une manière de bilan qu'il s'agit de tirer. A cette heure surgissent donc les souvenirs bons et mauvais, pénibles et cocasses. Les années de fidélité et de dévouement, d'engagement et de camaraderie ne peuvent que laisser des traces indélébiles.
Vous avez participé au maintien et à l'évolution d'une armée qui s'est voulue et se voudra toujours prête à assumer sa mission de défense nationale. L'armée que vous quittez aujourd’hui n’est plus celle dans laquelle vous étiez engagés alors. Et l’armée dans laquelle serviront vos enfants sera différente de celle que vous avez connue.
Le rapport 1990 définit les grands traits da la politique de sécurité. C'est un éventail qui va de la politique étrangère à la défense nationale. L’armée n'est, par conséquent, pas le seul élément de la politique de sécurité, mais elle en est un particulièrement. Elle tend à devenir un instrument polyvalent de gestion des crises et doit rester en mesure de défendre le pays. D'apporter son aide en cas de catastrophes et sa contribution à la promotion de la paix dans le monde.
Le monde évolue. L'histoire tisse sa toile et il ne saurait être question de rester immobile quand tout bouge alentour.
Mais que l'on ne s’y trompe pas: la mission demeure; il n'est donc pas question de baisser la garde !
Ce n’est donc pas en vain que la Constitution fédérale continue de proclamer, en son article 2 : «La Confédération a pour but d’assurer l’indépendance de la patrie contre l’étranger, de maintenir la tranquillité et l’ordre à l’intérieur, de protéger la liberté et les droits des Confédérés et d’accroître leur prospérité commune ».
Cette volonté d'indépendance, cette mission de protection du pays, vous y avez contribué, chacun à votre poste, chacun à votre manière, au cours des nombreuses années que vous avez passées à servir dans le cadre de notre année de milice, une armée du peuple au service du peuple. C’est là sans doute un privilège d'homme libre, mais c'est aussi un service qui vous a demandé un engagement en forces, en énergie et en disponibilité. Sachez que le pays, par la voix du Représentant du Gouvernement vaudois, vous en dit merci, comme il vous dit sa gratitude et celle de tous vos concitoyennes et concitoyens.
Aujourd'hui encore soldats et demain bientôt libérés des obligations militaires, vous resterez des citoyens libres d'un pays libre. Et à cet égard, votre responsabilité de contribuer à la liberté et à l'indépendance du pays restera entière. A une époque souvent marquée par l’égoïsme, le repli sur soi, l’indifférence des autres, il est en effet indispensable de pouvoir compter sur des citoyens qui n'ont pas peur de défendre leur point dans vue dans la recherche démocratique du bien commun. Si vous n'êtes plus soldats, vous êtes toujours citoyens et vous avez pour mission de concourir à la vitalité du débat démocratique ainsi qu'à la construction de notre société.
Sachez donc que le pays a encore besoin de vous. C'est avec confiance qu'il compte sur vous et sur votre engagement personnel.